Gildas Plessis Architecte naval

Yatchs, semi-rigides, voiliers... Depuis sa création en 1995, l’agence Gildas Plessis yatch design a conçu près de 370 bateaux dans ses locaux de Lorient. « Mon métier consiste à dessiner les plans d’un bateau de A à Z pour des gens qui ont un besoin singulier. C'est très complexe parce que cela touche au design, à la mécanique, à l’agencement, etc. », explique Gilda Plessis, architecte naval et fondateur de l’agence.

Et la conception d’un bateau prend du temps : entre la première réunion de travail et la finalisation du navire, il peut se passer entre 6 mois et 4 ans. Cela dépend de la complexité du projet, de sa taille, de son type de motorisation, etc. 

Touche-à-tout

Depuis le début de sa carrière, Gildas Plessis se sert de ses compétences pour multiplier les expériences : journaliste pour des revues spécialisées, illustrateur de livres, concepteur de maisons bas carbone, conseiller scientifique au musée national de la Marine, etc.  

Le temps accordé à chaque mission est variable. « En ce moment, au sein de l’agence, 90% de mon temps est consacré à la conception de navires. Il doit y avoir 5% pour la conception de maisons et le reste en écriture d’articles. Mais cela peut varier : il y a eu des moments où je faisais 50% de maisons pour 50% de bateaux. »

Il enseigne également à l’ENSA (École nationale supérieure d’architecture) de Nantes le design et l'architecture navale à raison d’une matinée par semaine. Depuis la rentrée 2025, il donnera en plus des cours à l’UBS (Université Bretagne Sud). « Dit comme ça, ça semble, très dense, mais les journées commencent à 8h et se terminent à 18 ou 19h ! », relativise-t-il.

A l'école, je passais ma vie à dessiner. 

Une passion précoce

Son intérêt pour l’architecture navale est venu très jeune. « A l'école, je passais ma vie à dessiner. Et par ailleurs, dès mes 2 ou 3 ans, je passais déjà du temps sur des bateaux en famille : mon père naviguait, mes oncles naviguaient, etc. Je trouvais ça naturellement épanouissant de dessiner des bateaux. »

Il débute son parcours par un cursus à l’École supérieure des beaux-arts d’Angers puis enchaine avec un DPEA (Diplôme propre aux écoles d'architecture) en architecture navale à l’ENSA de Nantes.

« Après mes études, je me suis mis tout de suite à mon compte. A l'époque, si vous n'aviez pas fait le cursus d’architecture navale de Southampton, vous ne pouviez pas pas espérer travailler dans les grosses agences qui existaient », raconte-t-il.  

Son entreprise fête aujourd’hui ses 30 ans et continue de se renouveler. L’année dernière, Gildas Plessis a ainsi fait le choix de transformer son agence en société coopérative. Concrètement, cela veut dire que les 5 personnes qui y travaillent sont désormais associées et ont le même poids lors de la prise de décision.

Un engagement écologique fort

Les questions environnementales sont au centre de sa pratique, même si cela n’a pas toujours été conscient : « Ça fait 25 ans que je dessine des bateaux avec des fibres naturelles en bois notamment parce que c'est une réponse adaptée à la construction en toutes petites séries. Et on a toujours veillé à utiliser des matériaux qui soient peu polluants. Cela donne de fait des bateaux à très faible impact environnemental.»

Un écosystème important en Bretagne

L’entreprise de Gildas travaille majoritairement avec une clientèle française : « Dans mes dix premières années de carrière, 70% de nos bateaux partaient à l'export, au Canada, aux États-Unis, au Portugal ou en Asie du Sud-Est. Aujourd'hui, on a moins de clients étrangers et ils se situent plutôt en Europe (Suisse, Belgique, etc.). »

Gildas Plessis bénéficie d’une écosystèmle dynamique grace aux acteurs du nautisme en Bretagne. « Du fabricant de voiles à la personne qui vend les résines en passant par le chantier naval super pointu ou les compétences en ingénierie, on a tout dans la région ».   

Du fabricant de voiles à la personne qui vend les résines en passant par le chantier naval super pointu ou les compétences en ingénierie, on a tout dans la région.

Le ressenti, essentiel pour progresser

Une fois le bateau livré, le travail n’est pas pour autant terminé. « L’analyse des données collectées à bord ou du ressenti est super importante, cela va nous permettre de progresser. » Mais pour autant, pas question d’aller tester tous les bateaux qui sortent de ses bureaux.  « Au début, il y a beaucoup d'excitation à aller essayer des bateaux qu'on a créés. Mais on travaille sur des dizaines et des dizaines de navires, donc on ne peut pas toujours le faire. Reste que quelqu'un qui ne naviguerait pas ne peut pas être architecte naval de mon point de vue. »