Paul Mozet Concepteur de jeu vidéo

Rien de plus évident qu’une partie de Monopoly. Un jet de dé et le joueur se trouve face à un achat, un loyer, une carte chance ou la prison. Simple en apparence. Pourtant chaque action a dû être pensée en amont. Dans l’univers du jeu vidéo, ce travail existe : c’est celui de concepteur de jeu vidéo. Paul Mozet occupe ce poste au sein de Wild Wits Game, mais préfère l’anglicisme « game designer ». 

À 26 ans, il compte parmi les plus anciens des 14 collaborateurs de l’entreprise rennaise. Son rôle consiste à « penser le système et les règles du jeu, les passages de niveau, les compétences d’un personnage... L’objectif est de proposer une expérience mémorable. Ni trop simple, ni trop complexe. »

Titulaire d’une licence en lettres modernes et en informatique, son parcours est atypique. Et si les études s’avèrent importantes, le côté « bidouilleur » est essentiel. « La maîtrise du métier passe par la création personnelle de jeux vidéos. » Mais, avertit-il, « les débouchés sont restreints, du fait du nombre limité de postes ». Parmi les autres compétences requises, la maîtrise du français et de l’anglais pour la rédaction et les échanges avec des collaborateurs étrangers.

Solutions logicielles

Paul Mozet navigue entre les logiciels. Notion pour les fiches documentaires, Godot pour les scènes de jeu, Excalidraw et Miro pour exécuter des schémas, Discord pour échanger entre collègues. Son emploi du temps est organisé par tâche. « 75 % du temps est consacré à la rédaction de fiches relatives au jeu et à ses personnages et 15 % à la recherche d’idées, lors de brainstormings. Les 10 % restants, je m’occupe du level design, l’enchaînement des niveaux de jeu, et de l’équilibrage, la définition des caractéristiques des personnages. » 

Travailler avec une équipe de personnes d’horizons divers (scénaristes, directeurs et directrices artistiques, programmeurs et programmeuses) nécessite de s’adapter. « Chacun a sa propre vision du jeu. Il faut savoir faire des concessions. Il faut aussi s’adapter au joueur, novice ou aguerri, aux contraintes de temps et à celles budgétaires. »

Jeu de rôle, jeu de cartes 

Paul Mozet l’admet : « Jouer à d’autres jeux est indispensable : il faut les tester pour comprendre ce qui fonctionne ou pas ». Mais il ne se considère plus comme un joueur comme les autres. « Il est difficile de ne pas analyser le design et repérer les bugs. Et si un bug survient dans votre jeu, le plus urgent est de le régler. »

Parmi ses créations figure Aetheris, un RPG (role playing game) sorti fin 2023, ou Crown Gambit, qui verra le jour en 2025, après deux ans de travail, à raison de 150 heures par mois. « J’ai pensé les personnages, leurs points de vie, mais aussi la carte les représentant en combat et le chapitre du jeu dans lequel on les croise, décrit Paul Mozet. L’impératif est de garantir une navigation fluide à chaque niveau. » Un jeu de cartes d’aventure dans lequel les combats s’enchaînent, « où les faibles s’en remettent au hasard et les héros à leur talent ». Qui pour conquérir le trône ?