Amélie Bru Cryptanalyste

Imaginons : une entreprise lance sa nouvelle application mobile. Avant sa commercialisation, il faut identifier les failles de sécurité potentielles. C’est là qu’entre en scène Amélie Bru, 25 ans. Cette cryptanalyste va, comme pour un escape game ou un puzzle, tenter de rassembler des éléments mathématiques qui protègent les données des utilisateurs. « L’objectif est de réussir nos attaques afin de prévenir celles qui pourraient être lancées une fois l'application mise en circulation », explique-t-elle.

Recrutée en 2022, Amélie travaille au sein d’Amossys, cabinet d’expertise en cybersécurité et centre d’évaluation agréé par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI). En bordure de la rocade de Rennes, le bâtiment, neutre d’apparence, abrite l’un des laboratoires avec le plus haut niveau d’agrément en France. En jeu, la sécurité des solutions logicielles et des applications mobiles. Amélie en assure l’évaluation en lien avec l’ANSSI afin de proposer aux utilisateurs des produits et services dont la robustesse a été éprouvée.

Tests de robustesse

L’ANSSI s’appuie sur une quinzaine de centres d’évaluation similaires à Amossys pour délivrer le « visa de sécurité ANSSI ». Détection d’intrusions, antivirus, protection contre les codes malveillants, effacement de données, identification, authentification et contrôle d’accès… les champs d’investigation d’Amélie sont larges. En 35 jours, elle doit prouver l’inviolabilité de la solution logicielle ou de l’application soumise à son contrôle.

« Chaque produit possède des fonctions de sécurité. Mon rôle consiste à vérifier si les mécanismes cryptographiques sont correctement utilisés et mis en oeuvre. Donc pour ça, je vais faire des tests de conformité, des tests de robustesse. J’ai toujours voulu faire des maths et j’ai découvert la cryptographie en deuxième année de licence, à Rennes. Ce qui me plaît le plus, ce sont les tests de robustesse. Il s’agit de détecter les vulnérabilités d’un produit et de parvenir à le casser. »

Serveurs sécurisés

Amélie ne travaille pas seule. « Généralement, nous intervenons par équipe de cinq. Un chef de projet, deux évaluateurs, chacun supervisé par un contrôleur technique. » Au cours de la journée, l’équipe échange à de nombreuses reprises. Pour assurer la sécurité des opérations de contrôle, pas de télétravail. La mission s’effectue au sein d’Amossys, via des serveurs sécurisés, déconnectés du réseau internet. Un gage supplémentaire de sécurité, de confidentialité et de protection des données.

Une fois l’intégralité des test réalisés – « parfois, nous aimerions aller encore plus loin ! », regrette Amélie -, le dossier de certification est soumis à l’ANSSI. « Nous nous déplaçons alors à Paris pour soumettre la synthèse de notre travail. » La décision de l’agence tombe rapidement : le produit est certifié, ou recalé.

La jeune cryptanalyste apprécie de participer ainsi à la sécurisation des données personnelles. Elle encourage les collégien·nes à opter très tôt pour les mathématiques. « Nos métiers sont en pleine évolution et, assure-t-elle, les promesses de débouchés sont nombreuses. » L’appel est lancé.