Transport : les femmes prennent le volant

Transport : les femmes prennent le volant

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Transport : les femmes prennent le volant

Les femmes sont encore peu nombreuses au volant de poids lourds. Dans certaines entreprises, leur part nombre progresse cependant. Avec des bénéfices à la clé, comme l’explique Louison Jouatel, chargée de ressources humaines chez Taranis Transport.

Portrait de Louison Jouatel
Louison Jouatel, chargée de ressources humaines, en apprentissage chez Taranis Transport © Louison Jouatel

Si les femmes représentent seulement 4%* des effectifs du transport routier de marchandises, certaines entreprises font démentir ces chiffres. Chez Taranis Transport, PME rennaise de 82 salarié·es, elles constituent 20 % des conducteurs routiers. Ce n’est pas encore la parité, mais c’est 5 fois plus que la moyenne nationale. « Nous avons 15 femmes conductrices, présente Louison Jouatel, chargée de ressources humaines, en apprentissage dans l’entreprise. En fonction de leurs permis, elles conduisent des véhicules légers, des poids lourds ou des super lourds ».

Adapter les tournées

Comment expliquer ce chiffre ? Dans l’entreprise, dès les entretiens d’embauche, les candidatures féminines sont étudiées aussi sérieusement que celles des hommes. « Il n’y a aucune réticence à embaucher des femmes, explique Louison Jouatel. Le fait que les candidates aient des enfants n’est pas vu comme un frein, par exemple. Lors de l’entretien, on regarde avec elles quels types de tournées pourraient leur correspondre. On le fait aussi avec les candidats hommes ».

Cette adaptation des tournées de livraisons se poursuit ensuite une fois en poste. L’entreprise dénombre peu de lignes « en découcher », c’est-à-dire qui nécessitent de dormir à l’extérieur. « On a des lignes régulières sur lesquelles on fait en sorte de placer les femmes pour qu’elles puissent s’organiser. Dans la mesure du possible, on essaie que tout le monde y trouve son compte ».

A l’aise dans leur poste

Le contrat d’apprentissage de Louison l’a amenée à réaliser des entretiens avec des conductrices de poids lourds de l’entreprise. Son sujet de mémoire, réalisé dans le cadre d’un master 2 Économie du travail et ressources humaines à l’université Rennes 2, porte en effet sur le choix d’orientation des femmes dans le secteur du transport. « Toutes les conductrices m’ont déclaré qu’elles étaient bien accueillies par les hommes, note l’apprentie. Elles sont à l’aise dans leur ligne. Au début, elles doivent s’imposer, mais une fois qu’elles se sont intégrées, il y a de l’entraide entre collègues ».

Être une femme est-il un désavantage dans l’exercice du métier ? « Toutes les femmes n’ont pas forcément moins de force que les hommes. Et quand la pénibilité peut être compliquée, elles trouvent des solutions pour pallier la différence physique, continue Louison. Par exemple, quand elles manient des palettes lourdes, elles prennent le temps de bien placer les colis. Une conductrice m’a dit avoir toujours une trousse à outils pour bricoler en cas de problème. Une autre pose le film elle-même sur ses palettes pour éviter que les marchandises ne tombent… »

Autre atout répandu chez les conductrices, une attention peut-être plus importante accordée au relationnel auprès du client. « Elles informent davantage le client si elles décident de modifier leur tournée pour l’optimiser. Ou encore, quand elles savent qu’un point d’accueil est sur le point de fermer, elles appellent pour prévenir qu’elles vont arriver et éviter de trouver porte close ».

Une autre image du métier

Pour l’entreprise, intégrer des femmes dans une équipe comporte certains avantages. « C’est toujours bon d’avoir une diversité de profils hommes et femmes dans une équipe, de même qu’avoir des âges différents, explique Louison. Employer des femmes change aussi l’image que le public a du secteur. Le métier de conducteur routier est très différent de l’idée que les gens en ont. Le matériel a évolué : les volants ont une assistance, on décharge maintenant les camions avec des transpalettes électriques… Le métier demande des qualités relationnelles, du calme et du sang-froid pour conduire en sécurité. Le fait qu’il y ait plus de femmes à rentrer dans le métier permet de casser certains préjugés sur la profession. »


*Selon le Rapport 2024 de l’Observatoire prospectif des métiers et des qualifications dans les transports et la logistique

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