Cédric Philibert, chercheur : « La tendance est à l’électrification »

Cédric Philibert, chercheur : « La tendance est à l’électrification »

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Énergies renouvelables

Cédric Philibert, chercheur : « La tendance est à l’électrification »

Actuellement chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (Ifri), Cédric Philibert a également travaillé pendant 20 ans à l’Agence internationale de l'énergie dont 10 spécifiquement sur les énergies renouvelables. Voici sa vision du monde énergétique de demain.

Nicolas Lebert, ingénieur en énergie solaire au Syndicat départemental d'énergie et d'équipement à Quimper (29)
Nicolas Lebert, ingénieur en énergie solaire au Syndicat départemental d'énergie et d'équipement à Quimper (29) © Franck Betermin
Quelles sont les grandes évolutions à venir en matière d’énergie ?

La tendance est à l'électrification. Ça concerne la production d'énergie, notamment le solaire et l'éolien, qui sont les deux domaines dans lesquels les potentiels à exploiter sont encore très importants.  

Et puis en même temps, il y a l'électrification des usages qui se développe : véhicules, pompes à chaleur, procédés industriels, réseaux, stockage, etc. Là encore, l'électricité va jouer le rôle dominant. On va avoir besoin d’électriciens sous toutes les formes.

Nous aurons aussi besoin de gens capables de dialoguer avec la population pour expliquer les projets. Les questions d'acceptabilité sont très importantes pour déployer les énergies renouvelables et les réseaux  

Est-ce qu’il pourrait y avoir des innovations qui viendraient bouleverser le secteur des énergies renouvelables ?

À mon avis, il y en a une qui est en cours sur les batteries et ça va changer les choses pour les véhicules électriques. Les progrès technologiques sont tels qu’elles vont s'imposer et avec elles, l'électricité dans son ensemble.  

Cela va beaucoup faciliter la gestion des énergies renouvelables variables qui seront beaucoup plus acceptables et beaucoup plus utiles. Elles vont aussi, à mon avis, réduire assez fortement le besoin d'expansion des réseaux énergétiques, qui sont un peu le point faible des renouvelables.

Faut-il s’attendre à des nouveaux textes législatifs importants sur les énergies renouvelables au niveau européen ?

Non, la guerre en Ukraine et les exigences climatiques ont entraîné une accélération constante des programmes de développement des énergies renouvelables en Europe et la plupart des pays ont déjà réhaussé leur niveau d'exigence. [Ndlr : Des pays comme la Suède, la Croatie, la Bulgarie ou la Slovénie sont allés bien au-delà de leur objectif].

L'éolien et le solaire sortent du lot, ce sont les énergies dont les potentiels sont très largement supérieurs à tous nos besoins courants et futurs. 

Est ce qu'il y a des énergies renouvelables qui pourraient tirer leur épingle du jeu en France ?

Aujourd'hui, la première énergie renouvelable dans le monde, c'est la biomasse, mais par définition, elle est limitée par la concurrence avec la production alimentaire et le respect de la biodiversité.  

L'éolien et le solaire sortent du lot, ce sont les énergies dont les potentiels sont très largement supérieurs à tous nos besoins courants et futurs et celles qui vont dominer à terme, ça ne fait aucun doute. 

Quelles sont les énergies qui nécessitent le plus de main d’œuvre ?

Ce qui est très demandeur en main d'œuvre, ce sont les économies d'énergie et notamment tout ce qui concerne l’isolation thermique des bâtiments. Et il faut du personnel qualifié pour traiter ce sujet : des ingénieurs, des architectes, des techniciens, etc.  

Les bâtiments se caractérisent par une grande diversité avec des époques de construction différentes, des matériaux différents, des situations géographiques différentes, ce qui fait que c’est toujours du cas par cas.

Ce qui est ennuyeux d'un point de vue économique, c'est que plus il y a de main d'œuvre derrière, plus c'est cher. Et donc il faut trouver des compromis.

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