Coralie Saenz et Damien Chagnaud (Syndicat des énergies renouvelables) : « aujourd’hui, on rapatrie en France une partie de la production faite à l'étranger »
Coralie Saenz et Damien Chagnaud (Syndicat des énergies renouvelables) : « aujourd’hui, on rapatrie en France une partie de la production faite à l'étranger »
Énergies renouvelables
Coralie Saenz est cheffe de projet chez Kallista energy et représentante régionale du Syndicat des énergies renouvelables (SER). Damien Chagnaud est responsable territoires et régions ultra-marines dans la même structure. Ensemble, ils nous partagent leur vision du futur des énergies renouvelables.
Damien Chagnaud : Si on veut respecter nos engagements européens, on doit arriver à 44% de consommation d'énergie finale issue de sources renouvelables en 2030. Quand on additionne la production de toutes les régions, notre scénario permet d'atteindre 46% d'énergie renouvelable.
En Bretagne, on va beaucoup développer le bois-énergie collectif, celui qui est utilisé dans les réseaux de chaleur (glossaire). Le bois énergie domestique va être à la baisse et cela vaut aussi pour le national.
Pour le gaz, on a beaucoup de potentiel en Bretagne via la méthanisation parce que c'est une région qui est assez agricole. Pour l’électricité, c’est l'éolien qui produit le plus actuellement. Notre syndicat appelle d'ici 2030 à doubler les capacités installées.
Coralie Saenz : Les Régions vont avoir beaucoup plus de cartes en main pour travailler sur ces objectifs-là. On voit bien que c'est une volonté nationale de régionaliser la production et donc il y a un travail beaucoup plus conséquent de tous les acteurs pour trouver des objectifs cohérents.
Coralie Saenz : L'implication des territoires est une grande tendance à venir. Elle va être facilitée par la loi pour APER, pour accélération de la production des énergies renouvelables [Ndlr : ce texte vise à encourager les acteurs locaux et les collectivités à développer des nouvelles sources de production d’énergie renouvelables].
Damien Chagnaud : En fait, ce qu’on fait aujourd’hui, c’est rapatrier sur le sol français une partie de la production qui était faite à l'étranger, notamment le carburant.
L'augmentation de la consommation électrique et la décentralisation de la production vont faire que toutes les régions françaises devront investir dans le réseau électrique. Il va falloir aussi gérer la demande, donc s’adapter. Jusqu'à ici, on incitait les gens à consommer la nuit pour consommer l'électricité du parc nucléaire, on va plutôt aller vers des systèmes où on invitera les gens à consommer en journée quand le solaire notamment, produit.
Coralie Saenz : Pour rebondir sur ce qu'a dit Damien, je dirais la maintenance des réseaux et plus généralement la maintenance de toutes les installations.
Le potentiel en formation existe mais il s’agit maintenant de donner envie aux gens, notamment aux jeunes, de s'impliquer dans la transition énergétique au quotidien et d’aller vers ces métiers-là.
La rénovation des bâtiments va offrir un grand nombre d’emplois. Un grand nombre de constructions présente en effet un potentiel intéressant pour installer du solaire mais celles-ci ne sont pas capables de les accueillir aujourd’hui. Or, dans ce secteur, il y a déjà un manque de main d’œuvre puisqu'on arrive pas du tout à remplir les objectifs de rénovation des logements.
Damien Chagnaud : Ce qu'on sait, c'est qu'il y aura dans tous les cas de plus en plus d'emplois dans les énergies renouvelables avec déjà aujourd’hui un déficit plus important sur les métiers techniques.
Dans tous les cas, il y aura de plus en plus d'emplois dans les énergies renouvelables avec déjà aujourd’hui un déficit plus important sur les métiers techniques.
Damien Chagnaud : Vous avez ce qu’on appelle les énergies marines renouvelables comme l'hydrolien, l’houlomoteur (glossaire) , l'énergie marémotrice, l'énergie thermique de la mer ou l’osmotique (glossaire) : ces énergies-là peuvent se développer.
Coralie Saenz : On a également l’agrivoltaïsme, qui permet d’associer une production d'électricité photovoltaïque et une production agricole sur la même surface. Elle se base sur une énergie qu'on connaît et qu'on maîtrise, le solaire, mais qui va se développer sur des terrains sur lesquels on n’avait pas forcément l'habitude de l’installer.
Damien Chagnaud : Au-delà des nouvelles façons de produire de l'énergie, il faudra prendre en compte l'intégration des énergies renouvelables à la biodiversité et aux écosystèmes existants pour essayer de minimiser les impacts négatifs de leurs déploiements sur le vivant.