David Clausse, Syndicat départemental d’énergie : « Le premier atout de la Bretagne, c’est sa façade maritime »
David Clausse, Syndicat départemental d’énergie : « Le premier atout de la Bretagne, c’est sa façade maritime »
Énergies renouvelables
David Clausse est directeur du Syndicat départemental d'énergie d’Ille-et-Vilaine, qui regroupe communes, intercommunalités, etc. Dans cette interview, il nous dresse le portrait énergétique du monde de demain.
Aujourd'hui, en Ille-et-Vilaine, on consomme beaucoup plus d'énergie qu'on en produit. On utilise notamment beaucoup d'énergies fossiles.
On couvre 22 % de nos besoins électriques avec la production locale, là où on devrait être à 32 % en 2030 et à plus de 50 % en 2050. Sur ces 22 %, il y a une grosse moitié qui vient de l'usine marémotrice de la Rance qui date du général de Gaulle [Ndlr : elle a été mise en service en 1966]. Depuis ce gros investissement, on a fait beaucoup moins que ce qu’on aurait dû faire.
Pour le gaz, on utilise en majorité de l'énergie fossile. Près de 10 % du gaz qu'on consomme est local et renouvelable. Sachant qu’on était à zéro il y a quatre ans, la part de gaz renouvelable a augmenté beaucoup plus vite que celle de l'électricité renouvelable.
A ce jour, la biomasse (glossaire) reste la première source d’énergies renouvelables de Bretagne.
La Bretagne va multiplier les installations de production d’énergies renouvelables un peu partout sur le territoire. Cela va nécessiter de gros travaux pour adapter les réseaux.
Les énergies renouvelables sont variables mais prédictibles : on sait quand il va faire soleil et on sait prévoir le vent. En face, on va devoir changer nos habitudes de consommation pour mieux calquer nos consommations à la réalité de la production. Ça va créer plein de nouveaux métiers.
On va également aller vers une électrification des usages. C’est une grosse partie de la solution mais on défend aussi la diversité des vecteurs d'énergies renouvelables.
On aura besoin de gaz sous sa forme renouvelable. C'est un vecteur énergétique efficace et les réseaux publics de gaz existent. Le gaz est stockable et très complémentaire de l'électricité.
Il faut vraiment travailler sur ces différents vecteurs énergétiques pour que la transition soit possible. Si je prends l'exemple de la mobilité, l'électricité pour les voitures individuelles marche bien même si c'est encore trop coûteux et que les batteries présentent des inconvénients. Sur la mobilité lourde, on défend le fait de basculer du diesel au biogaz parce que les technologies justement sont plus matures.
Oui, c'est possible. Mais le risque c'est de se dire que ce n’est pas la peine d’agir maintenant parce que de toute façon on va avoir une nouvelle technologie qui va être développée. On a aujourd'hui des technologies matures qui permettent de conduire la transition énergétique.
Au niveau législatif, ça a beaucoup bougé ces dernières années. Aujourd'hui, avec les lois dont on dispose, on a les moyens de travailler.
Le gros effort à faire dans le futur, c'est plutôt de regarder la façon dont on applique les lois et de faire que l'ensemble des organismes publics et des entreprises travaillent dans le même sens. Je n’ai pas le sentiment que tout le monde est convaincu que la transition énergétique est essentielle à la survie de notre espèce.
On a aujourd'hui des technologies matures qui permettent de conduire la transition énergétique.
Le premier atout de la Bretagne, c’est sa façade maritime et les projets éoliens en mer. C’est notre plus gros potentiel mais ça ne sera pas suffisant. L'autre potentiel, c'est l'éolien terrestre mais avec une grosse contrainte : en Bretagne, vous avez peu d’endroit où il n’y a pas d’habitants. Or, vous avez une réglementation qui interdit de mettre une éolienne à moins de 500 mètres d'une habitation.
Après, comme partout, vous avez le solaire. Aujourd'hui, le potentiel photovoltaïque est très sous-exploité et, globalement, les courbes de production solaire vont décoller dans 5 ou 6 ans.
La biomasse est déjà relativement bien utilisée mais on a encore une bonne marge de progression. Elle pourra notamment être utilisée dans des chaufferies collectives bois.