Carol Meyer, directrice d’Art Rock : « Economiquement, c’est compliqué de s’y retrouver »

Carol Meyer, directrice d’Art Rock : « Economiquement, c’est compliqué de s’y retrouver »

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Carol Meyer, directrice d’Art Rock : « Economiquement, c’est compliqué de s’y retrouver »

Directrice du festival Art Rock depuis 7 ans à Saint-Brieuc, Carol Meyer est également co-présidente de De Concert !, une fédération internationale de festivals.

Carol Meyer, à droite, est la directrice du festival Art Rock.
Carol Meyer, à droite, est la directrice du festival Art Rock. © L'oeil de Paco
Quels types de formations conseilleriez-vous pour entrer dans ce milieu ?

Ça peut aller d’une formation la plus généraliste possible à l’université à des formations ultra-spécialisées en son, en lumière, en régie, en production, etc. Je conseille beaucoup les formations professionnelles parce qu’on apprend vraiment des choses pratiques. En master pro Direction de projets culturels, vous apprenez à faire des contrats d’intermittence, une déclaration GUSO, un dossier de subvention, un dossier de présentation de projet, la comptabilité, la gestion… C’est très concret.  Si vous voulez être technicien, il faut une formation spécialisée. Certaines écoles ont des formations métier ciblées régisseur, chargé de prod…

Entre 31 et 50% de festivals sont déficitaires selon le baromètre des festivals 2024. Le modèle économique des festivals est-il en difficulté ? L’emploi dans le secteur vous semble-t-il menacé ?

Les festivals ont un modèle économique très compliqué parce qu’il n’y a pas vraiment de seuil de rentabilité. C’est un exercice économiquement assez périlleux. Pour autant, est-ce que je perçois des menaces sur l’emploi ? A ce jour, pas encore […] Sur le constat, les subventions baissent, nos jauges sont limitées, on ne peut pas du jour au lendemain agrandir un festival… Et en France, c’est un acquis social, les billets de spectacle ne peuvent pas être très chers, mettre 45 ou 50 euros dans un billet de spectacle, on trouve que c’est beaucoup alors qu’on le met sans problème dans un restaurant. A côté de ça, l’inflation fait que nos dépenses flambent. Ça fait effet ciseau. Economiquement, c’est compliqué de s’y retrouver.

Les fonds privés représentent aujourd’hui 40% de votre budget. Le mécénat est une solution pour équilibrer les budgets ?

Effectivement, au festival Art Rock, cela représente une grosse partie de nos recettes et on a même quelqu’un qui y est dédié à l’année. Il y a 15 ans, il n’y en avait pas. Sur les dix dernières années, le pourcentage des subventions dans notre budget a été divisé par deux et le pourcentage des financements privés a été multiplié par quatre. Chez nous, il y a énormément de mécénat territorial de proximité, ce sont des PME du territoire qui mettent la main à la poche pour participer au dynamisme du territoire. Eux aussi, ça leur permet de développer leur politique RSE. Aujourd’hui, on a 180 partenaires.

La multiplication des événements climatiques extrêmes a également une incidence sur les finances des festivals ?

En effet, les événements climatiques extrêmes se multiplient. Nos festivals sont des événements  qui ont lieu en plein air donc ils sont en première ligne sur tout ce qui est phénomène climatique extrême. Il y en a de plus en plus, il y en a à différentes périodes. A chaque fois, ce sont des festivals annulés, pour tout ou partie, et qui y laissent toujours des plumes en termes de finances. Aujourd’hui, les assurances annulation freinent de plus en plus sur l’assurance en intempéries parce qu’elles prennent trop de risque financier. Donc est-ce que les assurances vont continuer d’assurer ? Si les assurances n’assurent plus, vous vous prenez deux annulations et vous fermez boutique. Si les assurances n’assurent plus et les pouvoirs publics ne financent plus, à un moment donné, ça va être compliqué.

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