Sandrine Thuillier, professeure des universités en mécanique
Sandrine Thuillier, professeure des universités en mécanique
Sandrine Thuillier a de nombreuses casquettes : professeure des universités, directrice d’école doctorale, présidente d’une section du Conseil national des universités, etc. Spécialisée dans le domaine de la mécanique, elle étudie plus particulièrement le comportement des métaux.
Que se passe-t-il à l’intérieur des métaux quand on les déforme ? Sandrine Thuillier, professeure des universités en mécanique à l’université Bretagne sud (UBS), a passé des années à travailler la question. « La mécanique, c’est une branche de la physique. Son rôle, c'est de poser un cadre pour développer des modèles. Et la compréhension qu'on a du fluide qui s'écoule ou de la matière qui se déforme, passe essentiellement par des modèles », dit-elle.
Le professeur des universités est un fonctionnaire qui fait partie de la famille des enseignants-chercheurs. « La base de mon métier, c’est l’enseignement et la recherche. Quand vous démarrez, l’enseignement prend beaucoup de place. Avec les années, vous gagnez en expérience et il prend moins de temps », explique-t-elle. « Une des facettes exceptionnelles de ce métier, c'est notre très grande liberté. J’ai fait le choix de mettre plus d’énergie sur l'animation scientifique et la recherche. »
Sandrine Thuillier est rattachée à l’institut de recherche Dupuy de Lôme (IRDL) à Lorient. « Je travaille sur le comportement des matériaux, surtout métalliques. Je les martyrise en leur tirant dessus, en les cisaillant, en faisant des trous, etc. Ça nous permet d’avoir une idée de leur comportement », explique-t-elle. Elle est responsable de plusieurs projets de recherche nationaux et européens. « J’encadre une équipe de 7 à 8 doctorants et post-doctorants. »
Côté enseignement, Sandrine Thuillier donne des cours à l’IUT de Lorient et à l’école d’ingénieurs Ensibs. « L’objectif des étudiants, c'est d’être capable d'utiliser des modèles pour les appliquer à des cas concrets. Quand on installe un réseau de chauffage par exemple, on doit comprendre combien il faut de fluide, à quelle vitesse il doit se déplacer, etc. Ce sont des modèles qui le permettent. »
Depuis petite, Sandrine Thuillier a un intérêt pour les sciences, en particulier les maths et la physique. « C'est ce goût pour les matières scientifiques qui m’a conduite à faire une classe prépa et une école d'ingénieurs », explique-t-elle. En parallèle, elle réalise également un master de recherche. « Durant mes études, j'ai eu l'occasion d'aller faire un stage à l'étranger. Suite à ça, on m'a proposé un sujet de thèse en partenariat avec un industriel, Arcelor-Mittal. »
Même si elle a passé toute sa carrière dans la recherche, Sandrine Thuillier n’avait pas envisagé ce métier de longue date. « On voit beaucoup de portraits de doctorants qui parlent de leur vocation pour la recherche. Moi, ce n’était pas du tout le cas. Je ne savais même pas ce qu’était la recherche. Mais une fois que j'ai fait ma thèse, je n’ai plus eu envie de quitter ce monde-là. »
Je ne savais même pas ce qu’était la recherche. Mais une fois que j'ai fait ma thèse, je n’ai plus eu envie de quitter ce monde-là.
Au fur et à mesure de sa carrière, Sandrine Thuillier évolue de plus en plus vers des missions d’animation. Depuis 2022, elle est ainsi directrice d’une école doctorale « Sciences de l’ingénieur » à l’échelle de la région. « Nous assurons le suivi de la formation doctorale d’une centaine de personnes en collaboration avec les universités de Rennes et Brest », raconte-t-elle.
La professeure des universités occupe également la présidence d’une section du Conseil national des universités (CNU). « C'est l'assemblée des sages comme on dit. Le principe, c'est que notre carrière est évaluée par des pairs. Il n'y a pas de ressources humaines en quelque sorte. »
Le CNU gère ainsi la qualification, le recrutement et l'évolution de carrière des enseignants-chercheurs. Il compte 52 sections qui correspondent à des disciplines scientifiques. « Je suis membre du CNU depuis 4 ans. Nous sommes 48 spécialistes à s’occuper de la carrière de 2 500 chercheurs. J’ai été élue à la présidence de la section en décembre 2023 », raconte-t-elle.
Elle est enfin secrétaire adjointe pour l’association européenne Esaform depuis près de huit ans. « C'est important de travailler à l'échelle européenne. En recherche et en enseignement, l'anglais est essentiel. Il faut savoir comprendre, se présenter et dialoguer pour pouvoir suivre les conférences et les réunions de travail, notamment dans le cadre des projets européens. »
Parité dans les sciences : des disparités persistent En Bretagne, on trouve autant de femmes que d’hommes qui étudient les sciences. Pour autant, de fortes disparités existent selon les disciplines et cadres de travail : 70% de femmes en études de santé contre 31% dans les sciences fondamentales, 21,7% dans la recherche en entreprise contre 40% dans la recherche en administration.[1] Déjà au lycée, la parité n’est pas au rendez-vous : en filière générale, les filles sont sous-représentées dans toutes les matières scientifiques, à l’exception de la SVT. |
[1] Vers l'égalité femmes-hommes ? Chiffres clés 2022, Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche